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Pourquoi étudier l'hébreu? (John Piper)

Pourquoi étudier l'hébreu? (John Piper)

C'est une question de grande importance. Votre motivation pour l'étude de l'hébreu nourrira la passion sous l'effort nécessaire pour maîtriser cette langue biblique. John Piper plaide avec nous pour que nous considérions comme un privilège l'étude des langues bibliques et réalisions les périls de les négliger. C'est une chose que vous devez considérer.

En 1982, Baker Book House a réédité un livre de lecture quotidienne des Écritures de 1969 en hébreu et en grec intitulé Lumière sur le sentier. Les lectures étaient courtes et de l'aide pour le vocabulaire accompagnaient les versets en hébreu. Le but de l'éditeur, décédé en 1980, était d'aider les pasteurs à conserver et améliorer leur compétence pour interpréter la Bible à partir des langues originales.

Son nom était Heinrich Bitzer. Il était banquier.

Un banquier ! Frères, devons-nous être exhortés par la brebis sur notre responsabilité comme bergers ? Apparemment oui, puisque nous ne nous exhortons ni encourageons certainement pas les uns les autres à nous appuyer sur le grec et l'hébreu. La plupart des séminaires, évangéliques aussi bien que libéraux, ont communiqué, par l'accent mis dans leur programme d'études, que l'apprentissage du grec et de l'hébreu n'ont une valeur quelconque que pour de rares individus et qu'ils demeurent optionnels pour le ministère pastoral.

J'ai une dette à payer envers Heinrich Bitzer, et je voudrais m'en acquitter en nous exhortant tous à considérer sa thèse : « Plus un théologien se détache des textes de base hébraïques et grecs des Saintes Écritures, plus il se détache de la source de la véritable théologie ! Et la véritable théologie est la fondation pour un ministère productif et béni ».

Qu'arrive-t-il à une dénomination quand une connaissance utile du grec et de l'hébreu n'est pas chérie et encouragée pour le ministère pastoral ? Je ne veux pas dire seulement offerte et admirée. Je veux dire chérie, encouragée et recherchée.

Plusieurs choses arrivent quand les langues originales sont délaissées par les pasteurs. Premièrement, l’aptitude des pasteurs pour déterminer la signification précise des textes bibliques diminue, et la capacité de prêcher avec puissance va avec l’aptitude d’interpréter rigoureusement. C’est difficile de prêcher semaine après semaine en couvrant toute la révélation de Dieu avec profondeur et puissance si vous êtes handicapés par l’incertitude quand vous vous aventurez au-delà des généralités de base de l’Évangile…

Deuxièmement, à cause de l'incertitude, parce qu'on doit dépendre de traductions qui diffèrent (ce qui implique toujours une bonne part d'interprétation), on aura tendance à décourager une analyse soigneuse du texte dans la préparation des sermons. Car, dès que vous commencez à faire attention aux détails cruciaux comme les temps, les conjonctions et les répétitions de vocabulaire, vous réalisez que les traductions sont trop variées pour procurer une base solide pour une telle analyse. Par exemple, la plupart des traductions anglaises modernes RSV, NIV, NASB, NLT ne permettent pas à celui qui fait l'exposition de voir que « avez pour fruit » de Romains 6.22 est lié à « portions des fruits » cinq versets plus loin dans Romains 7.4. Ils traduisent tous Romains 6.22 sans le mot fruit (N.B. : dans les versions anglaises).

Alors, le prédicateur se contente souvent de l'élément central ou de la saveur générale du texte et son exposition manque de la précision et de la clarté qui stimuleraient sa congrégation avec la Parole de Dieu. Des généralités ennuyantes sont une malédiction dans bien des chaires.

L'exposition dans les prédications, par conséquent, tombe en désuétude et en défaveur. Je dis en défaveur parce que nous avons tendance à nous protéger des tâches difficiles en minimisant ou en ignorant leur importance. Alors, ce que nous retrouvons dans les groupes où le grec et l'hébreu ne sont ni chéris, ni poursuivis, ni encouragés c'est que l'exposition — qui consacre une bonne partie du sermon à expliquer la signification du texte — n'est pas très appréciée par les prédicateurs ni enseignée dans les séminaires.

Parfois on voit le mépris des langues originales quand des personnes dénoncent leur étude comme étant une étude purement académique, alors que c'est pourtant loin d'être le cas. Plus souvent, on voit simplement une négligence affable et un accent sur les caractéristiques du sermon comme l'ordre, la diction, les illustrations et la pertinence, qui éliminent la nécessité d'une exposition attentive du texte.

Un autre résultat du fait que les pasteurs n’étudient pas la Bible en grec et en hébreu est qu’eux-mêmes, ainsi que leurs Églises à leur suite, ont tendance à devenir des chrétiens qui se fient à la littérature secondaire au lieu de la literature primaire (la Bible directement). Plus c’est difficile pour nous de connaître la signification originale de la Bible, plus nous allons nous tourner vers la literature secondaire. Premièrement, c’est plus facile à lire. Cela nous donne aussi une impression superficielle que nous « tenons la route » sur ces choses. Enfin, cela nous fournit des idées et des opinions que nous ne pouvons pas découvrir par nous-mêmes dans l’original.

Nous avons besoin de retrouver notre vision du rôle de pasteur — qui inclut de prime abord la passion et la capacité de comprendre la révélation originale de Dieu. Nous devons prier pour le jour où les pasteurs pourront se présenter aux conférences et aux séminaires avec leurs Testaments grecs sans se faire accueillir par des remarques désobligeantes — le jour où l’estime de la Parole de Dieu et de son exposition soigneuse sera si grande parmi les pasteurs, que ceux qui n’ont pas cette habileté vont humblement bénir et encourager ceux qui l’ont, et qui encourageront les jeunes hommes à aller chercher ce qu’ils n’ont jamais eu. Oh! Quel jour ce sera quand la prière et la grammaire vont se rencontrer pour produire un embrasement spirituel puissant !

Frères, peut-être que cette vision peut grandir avec votre aide. Il n'est jamais trop tard pour apprendre les langues. Il y a des hommes qui ont commencé après leur retraite ! Ce n'est pas une question de temps, mais de valeurs. John Newton, l'auteur de « Amazing grace » et ancien capitaine au long cours, était un pasteur des pasteurs avec un amour engageant, tendre pour les gens qui, malgré un horaire très chargé, pensaient important d'étudier les langues. Il a un jour conseillé à un jeune ministre : « Les Écritures originales méritent bien vos efforts et vous serez richement récompensé ». Parlant des premières années de l'étude des langues, il dit :

Vous ne devez pas penser que j'ai aTeint, ou même visé, une habilité extrême dans aucun de ceux-ci : ... en hébreu, je peux lire les livres historiques et les Psaumes avec une aisance acceptable; mais, dans les livres prophétiques et les parties difficiles, je suis souvent obligé d'avoir recours à des lexiques, etc. Cependant, j'en sais suffisamment pour être capable, avec les aides que j'ai à ma disposition, de juger par moi-même de la signification de tous les passages que j'ai l'occasion de consulter ».

Partout, l'éducation continue est encouragée. Portons attention à la parole de Martin Luther : « Aussi cher qu'est l'Évangile pour nous tous, combatttons avec zèle à l'aide de la langue originale de celui-ci. » Bitzer l'a fait. Et Bitzer était un banquier !

 

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