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Avant-propos du livre «Le repos des pèlerins»

Avant-propos du livre «Le repos des pèlerins»

Je commence à écrire ce livre alors qu’il fait encore noir. Je regarde par la fenêtre de mon bureau et au-dessus des arbres je ne vois que la pâle lueur qui éclaire la rue. Plus loin, les lumières de la colline du Montaiguet se devinent dans la pénombre. Tout baigne encore dans le clair-obscur qui annonce une nouvelle journée de travail. Tout ne fait que se deviner dans les lignes du matin. Dans une heure, l’aube s’installera et éclatera lentement en une autre belle journée d’automne. En ce deuxième jour de la semaine, je m’assieds devant cette feuille blanche qui attend que les mots viennent remplir le silence. En ce deuxième jour de la semaine, je m’assieds à mon bureau pour méditer sur le sens du sabbat.

Sabbat.

Avec ce seul mot, toutes sortes de choses nous viennent à l’esprit. Le sabbat est peut-être d’abord pour vous un jour de repos hebdomadaire. Le sabbat, c’est peut-être d’abord ce jour particulier pendant lequel le peuple de Jésus-Christ célèbre la gloire du Ressuscité. Nous pourrions aussi penser immédiatement à cette institution mosaïque qu’observe encore le judaïsme. Pour d’autres encore, le sabbat manifeste cette vision globale de la communauté humaine qui inclut les modalités socio-économiques du « sabbat jubilaire ». Bien sûr, le septième jour, c’est tout cela. Mais c’est aussi plus encore.

Dans les trente chapitres de ce livre, je vous propose de parcourir un pèlerinage, de la Genèse à l’Apocalypse, de la perfection du repos vécu en Éden jusqu’à sa restauration dans le royaume de Jésus-Christ. Un pèlerinage en quête du repos du septième jour, cette bienfaisance perdue dans l’exil de la communion originelle. J’ai essayé de garder ces trente chapitres assez courts, une dizaine de pages, pour qu’ils puissent être lus de jour en jour : trente chapitres pour cheminer en un mois sur le chemin du repos divin. Nous parcourrons les traces du sabbat en trois temps. Tout d’abord, nous explorerons le sens et la place du sabbat dans la vie du peuple de l’Ancien Testament (chapitres 1-13), avant de nous tourner vers l’apport du Nouveau Testament, centré sur le ministère de Christ (chapitres 14-19), pour terminer sur l’expression communautaire et apologétique du sabbat (chapitres 20-30).

Au cours de ces trente chapitres, la Bible nous dévoilera la riche beauté du septième jour de Dieu, cette bénédiction que le Roi-Créateur a proclamée sur sa création et que nous avons vocation de vivre. Le septième jour, nous le verrons, ne se résume pas au repos, pas plus qu’il n’est exclusivement attaché à un jour communautaire d’adoration. Le sabbat s’ouvre sur le jour de la résurrection de Christ, déchirant notre cycle temporel en introduisant un jour éternel dans notre quotidien, nous faisant ainsi vivre de son repos. Déjà maintenant, nous vivons de ce repos au sujet duquel le poète Wendell Berry écrit :

Ton sabbat, Seigneur, nous garde ainsi par
Ta volonté et non la nôtre. Et il convient
Que notre seul choix soit de mourir
Dans ce repos, ou hors de ce dernier[1].

Ce repos embrasse et rassemble toute la vocation à laquelle Dieu nous appelle : il nous place dans une création dont nous sommes responsables, et nous met entre les mains du généreux médiateur. Le septième jour est le repos offert, accompli, et assuré par Dieu lui-même. Entrons dans le repos du Seigneur !

Yannick Imbert
 
Aix-en-Provence,
septembre 2022

[1] Wendell Berry, « Sabbaths – 1979, II », This Day. Collected & New Sabbath Poems, Berkeley, Counterpoint, 2013, p. 35, traduction libre.

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