Voici un compte rendu critique du livre Matthieu 5-7 : Le Sermon sur la montagne de John Stott, structuré selon une grille analytique adaptée à la théologie réformée baptiste.
Fiche bibliographique
Titre : Matthieu 5-7 : Le Sermon sur la montagne
Auteur : John Stott
Éditeur : Éditions Grâce et Vérité (édition française) 2013
Publication originale : Christian Counterculture: The Message of the Sermon on the Mount, 1978
Pages : 239 pages
Thème : Exégèse et application éthique du Sermon sur la montagne
1. Contexte de l’auteur et de l’œuvre
John Stott (1921–2011) fut un théologien anglican évangélique d’influence mondiale, notamment au sein du mouvement de Lausanne. Dans ce commentaire, il applique sa méthode claire et rigoureuse d’exégèse à l’un des passages les plus denses des Évangiles. Le livre s’inscrit dans une époque marquée par une recherche de radicalité spirituelle et d’éthique chrétienne cohérente dans un monde sécularisé.
2. Originalité et apport de l’œuvre
Stott se distingue par sa volonté de montrer que le Sermon sur la montagne ne propose pas une éthique de l’impossible, mais une contre-culture chrétienne réalisable grâce à la grâce de Dieu. Il insiste sur le caractère distinctif des disciples dans le monde — sel, lumière, justice supérieure — et relie sans cesse la foi à la vie pratique. L’originalité du livre réside dans sa lecture intégrée : le Sermon est vu comme une unité structurée autour de la justice du Royaume.
3. Anthropologie biblique
L’homme, selon Stott, est appelé à refléter la justice du Royaume par une vie transformée. Il est pécheur, mais renouvelé en Christ. Stott refuse tout légalisme, tout en rejetant l’antinomisme : la loi n’est pas abolie, mais accomplie et vécue selon l’Esprit. Il défend une anthropologie chrétienne marquée par l’humilité, la dépendance de Dieu, la miséricorde et la recherche active de la paix.
4. Théologie du texte
La lecture théologique de Stott est évangélique et centrée sur la seigneurie du Christ. Il interprète le Sermon non comme un code moral universel, mais comme un manifeste du Royaume de Dieu. La loi y est interprétée à la lumière du Christ. La justice exigée dépasse celle des scribes et des pharisiens car elle jaillit d’un cœur renouvelé. Le lien avec la Nouvelle Alliance est souligné : c’est le fruit de l’œuvre régénératrice de Dieu.
5. Style et méthode
Le style est clair, pédagogique et nourri de nombreuses illustrations contemporaines. Stott parvient à vulgariser des concepts profonds sans simplification abusive. Sa méthode suit un fil exégétique rigoureux, mêlé à des applications pratiques. Chaque section du Sermon est développée dans son contexte biblique, puis appliquée à la vie chrétienne moderne. Le ton est pastoral, mais jamais moralisateur.
6. Points forts
• Exégèse claire et fidèle au texte biblique
• Lien constant entre doctrine et vie
• Refus du moralisme et de l’évangile social détaché de la grâce
• Pertinence éthique dans un monde post-chrétien
• Théologie centrée sur Christ et le Royaume
7. Limites et critiques
Le traitement de la loi peut parfois sembler ambivalent, surtout dans la perspective réformée baptiste, qui distingue plus strictement loi morale, cérémonielle et civile.
Moins d’approfondissement sur les distinctions alliance des œuvres / alliance de grâce
Le rôle du Saint-Esprit dans l’application pratique pourrait être davantage développé
Peu de références explicites aux doctrines réformées classiques
8. Réception dans le monde réformé baptiste
Bien que Stott soit anglican, son approche évangélique centrée sur l’autorité de l’Écriture est globalement bien reçue dans les milieux réformés baptistes. Toutefois, des réserves peuvent exister sur l’absence d’un traitement plus explicite de la théologie fédérale (alliances) ou de certaines doctrines distinctives (élection, persévérance des saints).
Conclusion
Le livre de John Stott sur le Sermon sur la montagne reste un commentaire incontournable pour tout chrétien désireux de comprendre ce que signifie vivre comme disciple dans le Royaume. Il offre une lecture à la fois accessible et théologiquement nourrissante. Même s’il ne s’inscrit pas strictement dans la tradition réformée baptiste, ses apports demeurent précieux pour une lecture pratique et fidèle du texte de Matthieu 5 à 7.