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Marmite à pression

Je suis une mère affectueuse. Les élans tendres et chaleureux à l’égard de mes enfants sont très fréquents. Je les aime d’un amour passionné. Je chéris leurs personnalités distinctes, la physionomie unique et même l’odeur qui sont propres à chacun d’eux. Il m’arrive même de humer une « doudou » ou un toutou préféré de l’un d’entre eux, juste pour bien mémoriser son odeur. Mon cœur est rempli de joie et d’affection envers eux chaque jour. Je leur dis souvent à quel point je suis heureuse et privilégiée que Dieu ait trouvé bon de m’accorder la grâce d’être leur maman. La majorité des femmes peuvent facilement s’identifier à ces sentiments, car ce genre d’amour envers nos enfants nous vient tout naturellement. Cet amour passionné que la plupart des mères ressentent pour leurs enfants est probablement une des facettes que Dieu a créées en elles afin qu’elles lui ressemblent davantage.

Mais mon amour n’est pas entièrement comme celui de Dieu. Même mes meilleurs moments sont teintés par le péché. L’amour que j’ai pour mes enfants n’est pas seulement déficient, il est aussi divisé. En vérité, les élans tendres et chaleureux à l’égard de mes enfants sont parfois même loin de mon cœur. Inutile de le dire, la maternité n’est pas faite que de moments doux, tendres et chaleureux! Ses exigences parfois inlassables sont souvent très éprouvantes. Je compare l’intensité de certains de ses moments éprouvants à celle d’une marmite à pression. La marmite est très révélatrice! Lorsqu'elle est sur le feu, elle fait monter à la surface les autres amours de mon cœur. Résultat? Le combat éclate entre mes passions (Jacques chapitre 4). À quoi ces moments dans la marmite à pression ressemblent-ils dans ma vie de maman? Laissez-moi vous en dresser le tableau avec quelques exemples de situations.

- J’avais ardemment travaillé afin de protéger ma famille des germes causant la gastro-entérite et tous ses désagréments, au moins ceux qui n’étaient pas encore atteints par le fléau, pour finalement découvrir que mon plus jeune, âgé de deux ans, buvait dans la cuvette de la toilette avec un bouchon de bouteille à crème à barbe. C’était la première fois qu’il faisait cela, et pour y mettre le comble, il avait choisi la toilette que j’avais mise en quarantaine et réservée pour les membres toujours malades de la famille.

- Ma grande allait être en retard pour l’école et je me débattais pour habiller tout le monde et les faire monter dans la voiture à temps. Alors que je venais de terminer d’en habiller un, je me suis aperçue qu’un autre avait entre-temps ôté ses chaussures. Une fois dans la voiture, un de mes enfants cris de panique, car les coutures de ses vêtements l’incommode. De plus, je dois prendre deux fois le temps pour boucler la ceinture de mes deux « trottineurs » qui sont décidés à l’attacher eux-mêmes alors qu’ils en sont incapables et sont prêts à tous les combats pour m’empêcher de le faire!

- J’essaie de faire le souper pendant qu’un des enfants se pend après ma jambe et qu’un autre me réclame toutes les 5 minutes pour le mettre sur le pot, tout cela en réglant à distance une chicane entre les deux plus vieux. Après avoir franchi tous ces obstacles, le souper arrive sur la table. Il est reçu avec des critiques et des plaintes.

- Après une journée particulièrement difficile, j’étais sur le point d’éclater, mais la pensée que mon mari allait franchir la porte d’un moment à l’autre m’avait permis de résister jusqu’alors. Puis, le téléphone sonna. Il était encore au bureau et il n’arriverait que bien plus tard, vers l’heure du coucher des enfants.

- Toute la matinée, j’avais anticipé avec espoir l’heure de la sieste des enfants afin d’écouter le dernier épisode de « Grey’s anatomy ». J’estimais que c’était ma récompense bien méritée pour le dur labeur du matin. Aujourd’hui, plus que tout autre jour, le moment de la sieste est un fiasco total.

Les moments de pression viennent lorsqu’une autre chose que j’aime est menacée. Brent Bounds a écrit dans son article Parenthood : The Lab of Gospel Growth (l’éducation des enfants : le laboratoire de la croissance dans l’Évangile) : « Je n’ai réalisé que j’étais égocentrique que lorsque je me suis marié. Je n’ai connu réellement la profondeur de mon égocentrisme que lorsque j’ai eu des enfants. » Oh, combien je m’identifie avec cela! Être une mère a mis au jour des idoles dans mon cœur que je ne soupçonnais pas. Cela a exposé des désirs dont j’avais sous-estimé l’importance de l’emprise sur mon cœur. Même mes enfants, par moments, ont occupé les étalages encombrés d’idoles sur les tablettes de mon cœur. Une des choses qui me frappent alors que je navigue dans les eaux troubles du rôle de parents de jeunes enfants est ceci : alors que j’élève mes enfants, Dieu est à l’œuvre dans mon cœur pour m’élever comme son enfant. Dieu utilise ces moments fréquents de pression pour me faire connaître les nombreuses allégeances de mon cœur et la faible profondeur de mon amour pour lui.

Paul écrit dans Tite 2.3-4 : « Dis que les femmes âgées doivent aussi avoir l’extérieur qui convient à la sainteté, n’être ni médisantes, ni adonnées aux excès du vin; qu’elles doivent donner de bonnes instructions, dans le but d’apprendre aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants… »

Paul exhorte les femmes plus âgées à enseigner aux plus jeunes femmes comment aimer leurs enfants. Ce verset ne vise pas les femmes dépourvues d’affection naturelle pour leurs enfants. Il ne parle pas de ce genre d’amour si commun, si naturel, aux femmes envers leurs enfants. La sorte d’amour qui a besoin d’être enseignée est plus profonde que de simples élans tendres et chaleureux qui remplissent notre cœur lorsque nous regardons nos enfants dormir. La sorte d’amour qui a besoin d’être enseignée est un amour d’abnégation, un amour sacrificiel. Il passe l’épreuve des moments de pression. Cette sorte d’amour est aussi totalement impossible à vivre pour nous, sans la grâce de Dieu à l’œuvre dans notre cœur.

Voici un verset que j’ai déjà écrit sur ma fenêtre au-dessus de l’évier de ma cuisine : Proverbes 14.1 : « La femme sage bâtit sa maison, et la femme insensée la renverse de ses propres mains. » Je l’ai placé là afin qu’il soit pour moi un rappel de l’impact important qu’une femme a sur sa maisonnée. Les femmes sont naturellement douées pour donner le ton à la maison. Elles ont la capacité de créer un havre de paix pour leur famille ou de la détruire. Malheureusement, je dois avouer que j’ai fait ces deux choses à différents moments. J’ai parfois été la femme qui démolit sa propre maison. Je gardais donc ce verset sous mes yeux afin qu’il m’encourage à construire pour le bien de ma famille; à aimer mes enfants et mon mari et à créer le havre de paix dont je rêve… Mais la vérité est que je peux méditer sur ce verset de toutes mes forces, jusqu’à ce que je devienne violette, si mon amour pour Jésus ne grandit pas, la sorte d’amour qui résiste à la pression et dont je veux aimer mes enfants ne grandira pas non plus.

Si je veux que l’amour pour mes enfants grandisse, et être libérée de l’égocentrisme qui a souvent empoisonné ma famille, c’est premièrement un amour croissant pour Jésus qui a besoin d’être cultivé!

J’aime la façon dont C.S. Lewis le dit : Quand j’aurai appris à aimer Dieu plus que tous les êtres qui me sont chers, je pourrai, mieux que maintenant, aimer les êtres qui me sont chers. Dans la mesure où j’aime les êtres qui me sont chers au détriment de Dieu ou à la place de Dieu, je ne pourrai pas aimer du tout les êtres qui me sont chers. Lorsque les choses qui doivent être mises en premier sont en premier, les choses secondaires ne sont pas supprimées, mais sont intensifiées « Letters of C.S. Lewis » (Lettres de C.S. Lewis).

Je suis incapable de rassembler mes forces par mes propres moyens pour abandonner les idoles qui ont charmé mon cœur depuis tant d’années. La liste des mes échecs en témoigne. Ces échecs m’humilient et me ramènent à l’Évangile régulièrement. Je suis incapable d’obéir au premier commandement! Quel espoir y a-t-il pour moi? L’Évangile! L’Évangile n'a pas ôté la lutte contres mes idoles, mais il a créé en moi l’ardent désir que Dieu vienne occuper de plus en plus de place dans mon cœur. Il a aussi créé le triste dégoût pour mes péchés. Je languis après le jour de la délivrance, mais jusque-là, mon espoir repose dans le pouvoir transformateur de l’Évangile qui crée en moi un désir brûlant pour encore plus de lui et beaucoup moins de moi.

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