L’éducation, techniques ou transformation du cœur?
Je dois avouer que j’ai déjà été une admiratrice du Dr Phil. J’aimais beaucoup l’observer faire ce pour quoi il est si célèbre : confronter les pensées des gens avec une franchise sans compromis. Il a passé en entrevue plusieurs familles qui cherchaient de l’aide pour leurs enfants rebelles à travers les années. Il semblait toujours avoir une réponse, même pour les plus désespérés d’entre elles. Une des devises qu’il utilisait pour les parents d’enfants rebelles ressemblait à ceci : Les enfants accepteront de faire une chose moins désirable à leurs yeux, afin obtenir la récompense qui y est attachée. À ceux qui osaient répliquer : « Mais nous avons tout essayé », Dr Phil trouvait une manière de les acculer au pied du mur jusqu’à ce qu’ils soient obligés d’admettre qu’ils n’avaient pas essayé assez fort ou de manière assez constante. Conclusion : un parent diligent dans l'éducation de ses enfants récoltera des enfants respectueux et soumis. Ça me semblait une recette facile à première vue, avec de bons conseils! Puis, j’ai eu des enfants…
Mon mari et moi avons découvert que nous avions, ensemble, un super pouvoir : celui de générer une race de pécheur extrême! Nous avons pourtant travaillé fort pour mettre en application les principes pour élever de « bons » enfants, mais c’est souvent le chaos à la maison. Désillusionné, mon cœur devint accablé à mesure que mes enfants (et l’intensité de leurs crises) grandissaient. Alors, je me suis retroussé les manches et j’ai doublé d’efforts. Je suis allée chercher de l’aide auprès de familles matures qui avaient « du succès ». Je me creusais la tête pour essayer de trouver mes erreurs. Moi qui ai par nature une petite voix, devrais-je prendre un ton de voix plus autoritaire? Peut-être que je ne félicitais pas assez souvent mes enfants pour leurs bons comportements? Un meilleur système de récompenses peut-être? Des conséquences encore plus sévères? Des consignes plus claires? Les principes à appliquer étaient si nombreux, mais aucun d’eux ne m’apportait les résultats souhaités. J’essayais de rester positive, et j’y arrivais souvent, jusqu’à ce que des amis viennent nous visiter avec leurs enfants. Les comparaisons étaient inévitables. Je les enviais de pouvoir enseigner à leurs enfants les bonnes manières à la table. Moi, j’avais du mal à simplement faire en sorte qu’ils restent assis à la table! Je devais encore composer avec des crises d’hystérie fréquentes. Oubliez les bonnes manières à la table pour l’instant! Le découragement commençait à s’installer. Je pouvais ressentir le jugement de nos proches, témoins de nos difficultés, qui répondaient maladroitement avec des conseils diagnostiques. Je recherchais les conseils, en réalité, mais tout ce qui semblait s’offrir à moi n’était qu’une version christianisée des techniques axées sur le comportement.
Dans la tourmente de nos débuts difficiles en tant que parents, l’Évangile a apporté beaucoup d’espoir et de réconfort à mon cœur épuisé. J’ai dû me prêcher l’Évangile à moi-même à plusieurs occasions pour permettre de faire ressortir la vérité sur ce qui se passait réellement dans notre famille. Ézéchiel 11.19-20 a été un grand réconfort pour moi. « Je leur donnerai un même cœur, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de leur corps le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair, afin qu’ils suivent mes ordonnances, et qu’ils observent et pratiquent mes lois ; et ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. » Ces versets ont été un instrument précieux dans le renouvellement de ma pensée et de mes forces. Ce verset me permet de « lire » mes enfants, aussi bien que moi-même, à travers les lentilles de l’Évangile. Il me rappelle qui j’étais : une femme avec un cœur de pierre. Il me rappelle qui est Dieu : un Dieu gracieux qui prend plaisir à transformer les cœurs de pierre en cœurs de chair. Un cœur repentant et malléable qui est porté à l’obéissance est uniquement son œuvre à lui. C’est à travers ces mêmes lentilles que je veux lire mes enfants. Nous sommes tous affectés par la même nature pécheresse dès notre enfance. Nous partageons le même ADN du péché. À moins que Dieu n’intervienne, ce qui est ancré profondément en nous, c’est un cœur de pierre. Un cœur de pierre! Le problème est très profond et ne pourrait être comparé simplement à une composante électronique défectueuse nécessitant une bonne reprogrammation.
À mon insu, j’avais placé mon espoir de changement dans un autre évangile. Certainement, l’Évangile était encore très important dans notre foyer. Nous espérions et priions pour le salut de nos enfants, leur enseignant l’Évangile, mais nous étions en pratique conduits par nos techniques d’éducation parentale autosuffisantes. De jour en jour, un autre évangile était sournoisement en train de s’installer en nous. Cet autre évangile n’était pas explicitement enseigné, mais il était devenu implicite à mesure que nous placions nos forces et nos espoirs dans les techniques d’éducation béhavioristes. Si nous omettons de premièrement et de continuellement regarder nos enfants à travers les lentilles de l’Évangile, nous risquons de construire l’éducation de nos enfants sur des fondements autres que l’Évangile. Il est triste de constater que plusieurs livres chrétiens le font, bien sûr de manière non intentionnelle. Voilà pourquoi les théories intégrationnistes sont si subtiles. Elles semblent bibliques, à première vue, mais si on les analyse, on y découvre des fondements constitués d’une pop-psychologie séculière à laquelle on a greffé des versets. Des « évangiles » différents font ainsi leur petit bonhomme de chemin dans nos vies. Résultat : un problème racine qui dévalue la grâce et une version édulcorée du pouvoir de l’Évangile.
La vérité, c’est que nous aimons beaucoup les recettes et les formules à appliquer. Elles simplifient les choses et nous donnent une illusion de contrôle. C’est souvent de cette façon que nous abordons la Bible : comme une encyclopédie de recettes pour chaque problème. Peu de versets traitent le sujet de l’éducation des enfants de façon directe. Lorsque nous négligeons de lire le cœur de nos enfants à travers la lentille de l'Évangile, un verset tel que Proverbes 22.6 « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; Et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas » nous laissera perplexes et abasourdis lorsque notre enfant se rebellera malgré les bons enseignements moraux donnés à la maison ; ou il pourrait susciter l’orgueil au cœur d’une famille qui vit le succès dans l'éducation de leurs enfants.
Me prêcher l’Évangile à moi-même, alors que j’élève et discipline mes enfants, a commencé à changer bien des choses dans nos cœurs de parents, et ses applications au quotidien se sont multipliées. Il est vrai que plusieurs principes et techniques d’éducation des enfants ressemblent à ceux des familles qui ont de bons fondements moraux sans l’Évangile. Mais L’Évangile mis en application apporte une intentionnalité, un espoir et une grâce qui est incomparable! La vision de mon rôle et de mes buts en tant que parent ont été les premières choses à être renouvelées. La prise de l’anxiété sur mon cœur a été brisée. Ce que j’avais besoin d’entendre durant ces moments très difficiles n’était pas une nouvelle stratégie d’éducation parentale, mais un humble et clair rappel de la puissance de Dieu et de ce qu’il peut accomplir dans nos cœurs à cause de l’Évangile. L’Évangile est venu me donner une intentionnalité dans ma façon d'élever mes enfants qui dépasse les comportements que l'on souhaite obtenir chez nos enfants. Elle est venue donner une saveur de grâce à mes interventions et un repos pour mon âme dans la vie chaotique propre aux jeunes familles. L’Évangile appliqué quotidiennement dans nos relations avec nos enfants a eu plusieurs implications dans notre famille, dont certaines que je découvre encore. J’espère, dans mes prochains articles, développer davantage sur ces implications.