Les étiquettes psychiatriques sont des descriptions, pas des explications. (Edward Welch)
Cet article est tiré du livre C'est la faute du cerveau ! par Edward Welch
Avez-vous remarqué que vous produisez un effet différent quand vous dites : « J’ai un trouble déficitaire de l’attention (TDA) » et « J’éprouve beaucoup de difficulté à rester attentif aux présentations verbales qui s’éternisent » ? En quelque sorte, le diagnostic psychiatrique semble avoir une plus grande autorité que la simple description du problème. Vous souffrez de TDA, tandis que l’autre déclaration décrit votre comportement. Pourtant, la différence entre les deux énoncés ne tient à pas grand-chose. La définition psychiatrique du TDA est plus longue, mais il n’y a vraiment aucune différence entre les deux explications : elles décrivent les symptômes sans en expliquer la cause.
Le TDA résume ce que fait un enfant, sans nous dire pourquoi il le fait. La différence entre les deux est importante. Par exemple, si je vous demande de me parler d’une voiture que vous venez de voir rouler à toute vitesse, une réponse descriptive (qui correspond au « quoi ») serait : « C’était une voiture verte qui allait trop vite. » Une réponse explicative (qui correspond au « pourquoi ») examinerait les principes de base des moteurs à combustion, la mécanique de la transmission automatique et la motivation du conducteur.
Les descriptions psychiatriques effleurent le quoi du comportement de l’enfant, sans toucher au pourquoi. Parfois, les descriptions peuvent être utiles et mettre en évidence des symptômes que nous n’avions pas examinés précédemment. En d’autres termes, au lieu de décrire une voiture verte, vous diriez : « C’était une familiale Ford Taurus verte avec un moteur de 2,0 litres, qui roulait à près de 120 km/h dans une zone de 70 km/h ». Cela est plus descriptif que de dire : « Une voiture verte qui va trop vite » (et ça à l’air plus intelligent), mais ce n’est toujours qu’une description.
La description du TDA est circonspecte. Si vous voulez comprendre quels comportements spécifiques contribuent aux résultats médiocres de votre enfant à l’école, la liste des symptômes associés au terme TDA peut révéler des comportements que vous n’aviez pas examinés précédemment. Néanmoins, cette catégorie descriptive est encore limitée dans son utilité.
Disons que quelqu’un vous demande : « Pourquoi ton fils est-il toujours en train de se tortiller sur sa chaise ? » et que vous répondiez : « Parce qu’il souffre de TDA », cela reviendrait à dire : « Il se tortille sur sa chaise parce qu’il bouge beaucoup. » Pour la plupart des gens, cela ne serait pas une réponse satisfaisante. Vous répondriez à la question « pourquoi ? » par une réponse descriptive.
La documentation psychiatrique ne rend généralement pas cette distinction explicite. La plupart des discussions relatives au TDA et à d’autres problèmes psychiatriques similaires supposent que les descriptions correspondent à l’établissement d’un diagnostic médical, à une cause médicale. Selon l’hypothèse populaire, ces comportements ont des causes biologiques sous-jacentes, mais cette hypothèse n’est pas fondée. Bien qu’il existe des dizaines de théories biologiques pour expliquer le TDA, il n’y a, actuellement, aucun marqueur physique les concernant ni aucun test médical détectant leur présence. Additifs alimentaires, problèmes lors de l’accouchement, problèmes d’oreille interne et différences cérébrales font partie des théories sur les causes du TDA. Elles sont toutes intrigantes, mais jusqu’à présent, ne sont pas soutenues par la recherche médicale. Chaque théorie peut être valable dans des cas particuliers, mais il n’y a pas de théorie biologique susceptible d’expliquer les symptômes de manière systématique. À ce stade, on ne peut pas dire que quelqu’un souffre de dépression, de manie, de schizophrénie ou de TDA de la même manière que l’on dira que quelqu’un a contracté un virus. Si on le faisait, on ne tiendrait pas compte du cœur.
Les termes psychiatriques résument un groupe d’expressions descriptives. On pourrait penser que la description minutieuse des problèmes est innocente et sans préjudice, mais ce n’est pas le cas du vocabulaire psychiatrique. Les termes sont habituellement chargés d’hypothèses sur les causes physiques, sans faire de distinction entre les problèmes du cœur et ceux du corps. Cela ne veut pas dire que l’on doit boycotter la terminologie psychiatrique. Cela signifie simplement qu’il nous faut l’examiner avec des lunettes bibliques.