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Les pays du Sud et l’Évangile de la prospérité

Cet article est tiré du livre Que les nations se réjouissent de John Piper.

Il existe une autre ambiguïté concernant la formidable expansion du christianisme à laquelle on assiste actuellement: les formes de cette foi ne sont pas toutes basées sur ce que l’apôtre Paul appelle « la saine doctrine» (Tite 1:9; 2:1). À ce propos, Michael Horton modère notre enthousiasme en faisant remarquer la chose suivante:

L’éloge de l’expansion du christianisme dans ce qu’il convient d’appeler le deux-tiers-monde – expansion abondamment mise en avant (de la façon la plus notable ces dernières années dans The Next Christendom de Philip Jenkins) – devrait au moins être tempéré par le fait que l’Évangile de la prospérité constitue la version la plus détonante du phénomène. (Michael Horton, Christless Christianity : The Alternative Gospel of the American Church, Grand Rapids (USA): Baker Academic, 2008, p. 45.) 

L’Évangile de la prospérité est le mouvement qui progresse le plus rapidement sur le continent africain.

Quand je parle de « l’Évangile de la prospérité », je fais référence à un enseignement qui met l’accent sur le fait que Dieu voudrait que les croyants soient riches et en bonne santé ici-bas, en passant sous silence ou en minimisant les dangers de la richesse, l’appel de la Bible à être aussi vigilant qu’en temps de guerre, ainsi que la nécessité et l’utilité de la souffrance.

Nous avons une bonne illustration de cet Évangile de la prospérité en la personne d’un des principaux prédicateurs africains de ce courant, qui déclare: «Beaucoup de gens ne savent pas que Dieu a déjà tout prévu pour que ses enfants soient riches ici sur terre. Et quand je dis riches, je veux dire très, très riches. [...] Lâchez-vous! Ce n’est pas un péché de désirer être riche ». (Isaac Phiri et Joe Maxwell, «Gospel Riches [La richesse selon l’Évangile] », Christianity Today, 51, n° 7, juillet 2007, p. 23.)

Cela m’inquiète beaucoup quand un prédicateur encourage une foule à donner 200 $ pour « s’ouvrir à la bénédiction» dans une culture où un instituteur gagne 150 $ par mois. Et pourtant, plus de trois cents personnes s’avancent pour recevoir l’onction de l’orateur et en l’espace de quelques minutes, l’Église empoche 60000 $ nets d’impôts.

L’étendue de cet enseignement est considérable en Afrique. Dans une enquête réalisée en 2006, l’institut Pew a demandé aux sondés si Dieu souhaite «accorder la prospérité matérielle à tous les croyants qui ont assez de foi». Les pentecôtistes ont répondu oui à 85 % au Kenya, à 90 % en Afrique du Sud et à 95 % au Nigeria.

Faut-il s’en étonner : ce qui se fait de pire en matière de doctrine africaine de la prospérité est une exportation américaine. En Afrique, la télévision est devenue l’outil pédagogique numéro un en matière de religion: «Les gens l’allument et partent du principe que Trinity broadcasting network représente le christianisme américain et que les Américains savent tout, donc pourquoi ne pas écouter ce qu’elle dit ?» Et, bien sûr, la doctrine de la prospérité ne concerne pas uniquement l’Amérique du Nord et l’Afrique. Elle se présente également sous ses formes latino-américaines et asiatiques, et on la trouve dans tous les pays du Sud, de Séoul à São Paulo.

Que dire de l’Évangile de la prospérité?

La première chose qu’il convient de dire à propos de l’Évangile de la prospérité est que les Occidentaux fortunés sont sans doute tout aussi coupables de ces excès que les pauvres des pays du Sud. La différence est que les pauvres n’ont pas la richesse et la désirent, alors que les riches l’ont, comptent bien la conserver et se mettent en colère si Dieu la reprend. Les uns comme les autres désirent ardemment la prospérité. C’est juste plus subtil en Occident parce que nous pouvons considérer que la prospérité va de soi. C’est pourquoi je consacre plus de temps à appeler mon assemblée à vivre différemment qu’à appeler les pays du Sud à penser différemment. Je suis plus responsable des péchés commis chez moi.

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John Piper




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