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Qu’est-ce que la foi ? (R.C. Sproul)

Qu’est-ce que la foi ? (R.C. Sproul)

Cet article est tiré du livre La Course de la Foi par R.C. Sproul

Le symbole des Apôtres commence par les mots « Je crois ». Que signifie « croire en quelque chose » ? Un concept qui est étroitement lié à cet énoncé est celui de la foi. Que signifie « avoir la foi » ? La foi est si vitale pour le christianisme que le christianisme est parfois appelé « la foi chrétienne ». Pour comprendre le christianisme, on doit comprendre ce que signifie « croire » ou « avoir la foi ». La foi est souvent considérée comme étant le contraire de la raison ou de la perception sensorielle, c’est-à-dire le contraire des choses que l’on peut goûter, voir, toucher, sentir et entendre. En d’autres termes, on oppose souvent la foi aux autres façons de comprendre les choses. Nombre de gens croient que la foi est contraire à la raison ou à la perception sensorielle de sorte que, pour avoir la vraie foi, on doit, selon eux, mettre de côté la raison ou la perception sensorielle. Or, ce n’est pas ce que la Bible enseigne. Au contraire, la Bible est la base de la connaissance, donc celle aussi de la raison et de la perception sensorielle. La foi repose sur ce fondement, mais elle nous emmène aussi bien au-delà de ses limites.

L’une des premières confessions de foi chrétiennes se trouve dans la Bible. Elle est très simple. Il s’agit de l’affirmation « Jésus est Seigneur ». Il est possible de prononcer ces mots sans les comprendre. On peut répéter cette assertion sans comprendre le concept derrière le mot « Seigneur », la signification du verbe « est » et l’implication du nom « Jésus ». Si l’on prononce des paroles sans les comprendre, on n’affirme pas vraiment ce que veulent dire les mots ; on ne fait pas une véritable profession de foi. Aussi, pour croire en l’Évangile, pour avoir foi en Jésus, on doit d’abord avoir au moins un certain degré de compréhension du message de l’Évangile.

Le christianisme est aussi une foi ou une religion basée sur un livre contenant une doctrine et un enseignement conçus pour notre niveau de compréhension. Avoir un document écrit comme fondement de la vie chrétienne n’a pas de sens si la foi est quelque chose qui contourne la raison. Les documents écrits visent à convaincre les gens ; ils les exhortent à recourir à leur raison pour évaluer la valeur des messages qu’ils contiennent. Ainsi, la foi, selon la Bible, n’est pas une « foi aveugle ». On n’y adhère pas les yeux fermés. En fait, la Bible nous invite à ouvrir les yeux sur la réalité ; elle nous appelle à sortir de l’obscurité pour venir à la lumière.

Cela dit, la raison seule ne permettra jamais à quiconque de croire en l’Évangile ; il en est de même quant à la perception sensorielle. L’Écriture ne dit-elle pas que « la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » (Hé 11.1) ? La foi implique donc des choses que l’on ne peut voir, ni entendre, ni toucher. Personne n’a jamais vu Dieu, et on ne peut voir le ciel. En revanche, on peut voir l’œuvre de Dieu dans la création.

Le christianisme est ce que l’on appelle une « religion révélée ». Les chrétiens croient en un Dieu qui se révèle à travers la nature, mais aussi en un Dieu qui a parlé. Quand on parle de la foi comme de l’assurance des choses qu’on ne voit pas, on parle de croire Dieu et de croire à ce qu’il a révélé dans la Bible. Il n’est pas question d’une foi irrationnelle ou non scientifique. La croyance chrétienne est basée sur des événements historiques qui se sont réellement déroulés, des événements qui peuvent être vérifiés par des moyens scientifiques et sensoriels.

Ainsi, quand on récite une confession de foi, quand on dit « Je crois », on atteste que l’on est d’accord avec les revendications du christianisme et de la Bible. Ce n’est pas une foi aveugle, mais une foi vivante et réelle. Les véritables ennemis de la foi, dans le sens biblique du terme, ne sont pas la raison et l’expérience, mais la crédulité et la superstition.

Il est important de souligner le rôle central de la foi dans le christianisme. C’est autour de cette question qu’a eu lieu la réforme protestante au XVIe siècle. Martin Luther et d’autres ont fait valoir que c’est par la foi, et la foi seule, que l’on est justifié ou reconnu juste devant Dieu.

Cela soulève quelques questions. Quelle est la foi qui justifie ? Le livre néotestamentaire de Jacques dit que la foi sans les œuvres est morte ; elle ne peut sauver personne. Comme l’a dit Luther, le genre de foi qui sauve est une foi vivante. Il nous faut donc avoir une foi vivante pour qu’elle soit une foi qui sauve. Mais en quoi consiste ce genre de foi ?

Les dirigeants de la Réforme enseignaient qu’il y a au moins trois éléments reconnaissables dans la foi biblique. Le premier est le contenu de ce que l’on croit. On ne peut pas croire n’importe quoi, même si l’on est sincère. Pour qu’une croyance sauve, elle doit avoir un contenu biblique.

Dans le Nouveau Testament, on donne le contenu de base de la foi qui sauve : Christ est le Fils de Dieu ; il est le Sauveur ; il est mort pour nos péchés ; il est ressuscité d’entre les morts. C’est ce que les apôtres prêchaient, et ils invitaient les gens à y croire. Avant que quiconque soit à même de croire ce contenu, il doit au préalable le connaître et le comprendre.

La deuxième partie de la foi qui sauve est l’assentiment intellectuel. Cela signifie que l’on accepte quelque chose comme étant vrai. Si je vous dis : « Ne croyez-vous pas que le ciel est bleu ? », je demande simplement si vous croyez que ma déclaration est vraie. Si vous me répondez « oui », vous acceptez ma déclaration sur le plan intellectuel. De même, les premiers chrétiens demandaient : « Croyez-vous que Jésus est le Fils de Dieu ? » Certaines personnes disaient « non ». D’autres disaient « oui ». Mais le fait de dire « oui » ne suffit pas pour avoir la foi qui sauve. Après tout, la Bible rapporte que les démons aussi reconnaissent Jésus comme Fils de Dieu.

C’est là qu’intervient la troisième partie de la foi qui sauve. Il s’agit d’une confiance ou d’une adhésion personnelle. Non seulement on sait que la Bible affirme que Jésus est le Fils de Dieu, mais l’on croit que cette affirmation est vraie et, en outre, on y adhère. On prend volontiers Jésus pour ce qu’il est, et on lui accorde notre confiance avec joie. Dès lors, on n’est plus séparé de Christ, on n’est plus hostile à sa personne, car nous l’aimons et le révérons.

Quand quelqu’un dit « Je crois », cela signifie qu’il reçoit pleinement, de tout son cœur et volontairement, la victoire et le triomphe de Christ. Voilà ce qu’est une déclaration de foi ! Ce n’est pas se contenter de réciter un symbole parce qu’on pense que c’est vrai. La foi est bien plus qu’une simple connaissance ou qu’un assentiment intellectuel. Mais elle ne les écarte pas non plus.

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