Qu’est-ce que sola Scriptura? (Pascal Denault)
Cet article est tiré du livre Solas : la quintessence de la foi chrétienne par Pascal Denault
La Réforme protestante n’est pas arrivée avec la découverte du principe sola Scriptura, mais avec la découverte de la justification par la foi seule (sola fide). C’est un peu plus tard que les protestants sont arrivés à la conclusion inévitable du sola Scriptura. En étudiant la Bible, Martin Luther a redécouvert que l’homme n’est pas justifié grâce à ses bonnes oeuvres, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ… Lorsqu’il a commencé à prêcher cet Évangile, l’Église catholique romaine s’est farouchement opposée, car l’enseignement catholique romain était contraire. Luther, et tous ceux qui étaient de son avis se sont retrouvés devant un dilemme : ou bien l’Église catholique romaine a raison ou bien la Bible a raison, mais les deux ne peuvent pas avoir raison. Voici ce que Luther a répondu aux autorités ecclésiastiques et civiles qui l’ont sommé de se rétracter et de revenir à l’enseignement de Rome :
Puisque Votre Majesté Impériale et Vos Seigneuries me demandent une réponse nette, je vais vous la donner sans cornes et sans dents. Non! Si l’on ne me convainc par les témoignages de l’Écriture ou par des raisons décisives, car je ne crois ni au Pape ni aux conciles seuls, puisqu’il est clair comme le jour qu’ils ont souvent erré et qu’ils se sont contredits. Je suis dominé par les Saintes Écritures que j’ai citées, et ma conscience est liée par la Parole de Dieu. Je ne peux ni ne veux me rétracter en rien, car il dangereux d’agir contre sa propre conscience. Me voici, je ne puis autrement. Que Dieu me soit en aide!
Sola Scriptura signifie que l’Écriture seule est la Parole de Dieu et qu’elle est la seule norme de la foi et de l’Église. La position protestante pouvait sembler être un progrès ou une nouveauté dans l’histoire de l’Église, mais comme l’écrit Keith Mathison, il s’agissait d’un retour à la position des apôtres et des premiers chrétiens jusqu’au Moyen-âge.
Des hommes comme Martin Luther et Jean Calvin n’ont pas créé une nouvelle doctrine lorsqu’ils ont combattu la tyrannie et l’apostasie de l’Église catholique romaine en établissant le sola Scriptura. En fait, les réformateurs appelèrent l’Église à revenir à son enseignement précédent, à revenir à la conception qu’il n’existe qu’une seule source de révélation.
On retrouve clairement cette pensée dans le mouvement évangélique qui est né en Grande-Bretagne au 17e siècle et duquel sont issues un grand nombre d’Églises évangéliques d’aujourd’hui. Voici comment ils l'exprimèrent dans la Confession de foi baptiste de Londres de 1689, qui demeure à ce jour un chef-d'oeuvre parmi les credo chrétiens : « L’Écriture sainte est la seule règle suffisante, certaine et infaillible de toute connaissance qui sauve, de foi et d’obéissance… ainsi, l’Écriture sainte est indispensable ». À partir de ce principe, une Église qui désire être fidèle à Dieu doit nécessairement se centrer sur la Parole de Dieu. C’est ce que nous appelons la centralité des Écritures.