Voici pourquoi Carl Trueman recommande le livre «La rédemption» de John Murray
EN TANT QUE NOUVEAU CROYANT VERS LE MILIEU DES ANNÉES Quatre-vingt, j’étais sans cesse à la recherche de livres qui m’aideraient à grandir davantage dans la foi chrétienne.
N’ayant pas grandi dans un foyer chrétien ni fréquenté les réunions d’une église, ma connaissance de la Bible et de son enseignement était presque inexistante. Je savais quelques choses au sujet de Dieu, du péché et un peu en ce qui concerne Jésus-Christ. Pour le reste, bien qu’étudiant de l’université prestigieuse de Cambridge, ma connaissance théologique restait inférieure à celle d’un gamin de dix ans qui a suivi les classes du catéchisme.
Pour cette raison, j’étais à l’affût de bons livres de base sur la doctrine chrétienne. Dans sa générosité, un pasteur local me donna un exemplaire du livre de James Packer, Les mots en question. Ceci m’introduisit aux éléments de base de la théologie évangélique.
Puis quelqu’un me recommanda de me procurer un exemplaire du livre La rédemption, de John Murray. Je n’avais jamais entendu parler de cet auteur, ni d’ailleurs le gérant de la librairie évangélique locale ! Mais il s’empressa de me commander mon exemplaire. Quand le livre arriva, je dois avouer avoir éprouvé une pointe de déception. Pour tout dire, je m’étais attendu à recevoir un tome plus volumineux, plutôt que ce petit livre broché. Toutefois, ma déception ne survécut pas à ma lecture du seul chapitre premier.
EUROPRESSE. 254 pages. 19,95 $ // 14,90 € Cette étude de la rédemption et de l’expiation fait figure d’oeuvre classique pour la théologie biblique. John Murray y explique de manière systématique les deux facettes de la rédemption : 🇫🇷🇧🇪Excelsis 🇨🇭🇫🇷🇧🇪Maison de la Bible |
Dans ce livre, John Murray démontre comment mon salut est connecté à l’oeuvre de Dieu, à la fois dans l’éternité pour sa planification, et dans le temps pour son exécution dans la personne et l’oeuvre de son Fils, ainsi que dans son application aux individus par l’oeuvre du Saint Esprit. Je n’avais encore vraiment jamais rien vu de pareil. C’est ainsi que ce petit livre accomplit trois choses d’importance majeure pour moi. Il me montra comment l’éternité et le temps se lient dans le salut. Il révèle comment ce salut est une affaire qui concerne la Trinité, une oeuvre enracinée dans l’identité même de Dieu. Il permet aussi de voir comment cela donne un sens à la Bible dans son entier.
Bien entendu, John Murray ne fait rien d’exceptionnel. Il se contente de bâtir sur la tradition riche des églises issues de la Réforme, une tradition qui place chacun de ces points dans le fondement de leur témoignage. En tant que pasteur presbytérien et enseignant au séminaire de théologie prestigieux de Westminster, aux États-Unis, John Murray aimait les textes fondamentaux de ce courant et la théologie qu’ils enseignent. Il cherche à expliquer cette théologie distinctive, en particulier dans son rapport au salut.
De manière plus spécifique, John Murray montre comment l’ordre du salut s’articule d’une manière reliée aussi à l’histoire du salut. On peut établir une distinction entre les deux en disant que l’ordre du salut concerne la manière dont l’individu s’approprie le salut. L’élection, l’appel par Dieu, la justification, la sanctification et la glorification en sont les éléments de base. L’histoire du salut, pour sa part, se focalise sur les actes de Dieu dans l’Histoire, plus spécifiquement en ce qui concerne leur apogée dans l’oeuvre du Seigneur Jésus-Christ, ce qui fournit la base pour l’ordre du salut.
Ainsi, l’ouvrage commence avec une analyse soignée de la nature de l’expiation. C’est le territoire de l’histoire du salut. L’incarnation et la mort de Christ se comprennent sur le fond de l’amour de Dieu dans l’éternité pour ceux qu’il a décidé de sauver de leur péché et de ses conséquences éternelles. Puis la croix elle-même se comprend en termes de la colère de Dieu contre le péché, de l’imputation de ce péché à Christ et du système des sacrifices dans l’Ancien Testament dont elle est l’accomplissement. La perspective de John Murray est profondément particulariste dans le sens où la mort de Christ ne bénéficie pas à tous les hommes sans exception mais seulement à ceux que Dieu a choisis.
Puis, dans la deuxième section de l’ouvrage, John Murray examine les implications de la mort de Christ pour le salut du croyant individuel. Il traite des divers éléments qui forment l’ordre du salut. Ce qui en émerge est un mouvement lisse, qui va de l’éternité vers le temps, de l’oeuvre de Dieu en Christ vers son oeuvre dans le croyant.
Le livre a ses critiques. Ceux qui s’opposent à ce qu’ils qualifient d’«expiation limitée» répudient sa perspective particulariste de la rédemption. Ils y voient une restriction imposée à l’amour de Dieu et une dissonance avec les passages du Nouveau Testament dont ils estiment qu’ils soutiennent l’universalité du désir de Dieu pour le salut de tous. D’autres critiques, au sein même de la tradition à laquelle John Murray appartient, expriment un désaccord avec sa position, ou tout au moins certaines manières de lire John Murray. Ils y voient un échec à distinguer clairement entre la justification et la sanctification. Dans cette préface, je laisserai ces débats de côté, préférant laisser John Murray répondre.
Le livre que vous tenez en main est un chef-d’oeuvre de théologie en miniature. Chaque page traite avec respect de sujets qui ont une grande importance théologique. Que vous en terminiez la lecture en vous accordant ou non avec son auteur, vous trouverez que cette lecture aura aiguisé et clarifié votre propre pensée et réflexion.
Carl R. Trueman Séminaire de théologie de Westminster, Philadelphie