10 choses que vous devez savoir sur l’Église en Afrique
Saviez-vous que vous pouvez faire équipe avec Publications Chrétiennes pour équiper les pasteurs et les responsables d'Église africains en ressources centrées sur l'Évangile ? Découvrez comment vous pouvez vous impliquer.
1. L'Église africaine est en pleine croissance.
On dit que le nombre de chrétiens en Afrique au début du xxe siècle avoisinait les 9 millions, et qu’à la fin du xxe siècle, il s’élevait à près de 380 millions. Les édifices à cet effet ne peuvent contenir la multitude engendrée par ce genre de croissance. C’est pour cette raison que les Églises se réunissent simplement dans des salles de classe, des abris de fortune au toit de chaume et sous les arbres, ce qui ne les empêche pas de se multiplier ! Il est également encourageant de voir de jeunes parents avec leurs tout-petits, des adolescents et de jeunes adultes, et pas simplement des octogénaires. C’est un bon signe pour l’avenir de l’Église en Afrique.
2. Là où il y a du zèle, il y a un certain manque de connaissance.
L’Église en Afrique est pleine de zèle, même si ce zèle se caractérise parfois par un manque de discernement (Ro 10.2). Cette dévotion est manifeste dans la ferveur évangélique qui ne passe pas inaperçue. Elle est d’ailleurs à l’origine de cette croissance fulgurante. La société africaine est généralement très ouverte au message chrétien. Toutefois écouter volontiers un message n’implique pas nécessairement sa mise en pratique. Si vous êtes un pasteur en visite, la plupart des parents inviteront toute la maisonnée à se joindre à eux pour vous écouter. Ce ne sont pas les occasions de témoigner qui manquent. Aussi, des individus dont la connaissance biblique n’en est qu’à ses balbutiements ont-ils vite fait de se retrouver à la tête d’une Église de village. Certains ne possèdent même pas de bible complète, mais prêchent à qui veut bien entendre. Des prédicateurs-laïcs se retrouvent ainsi dans les rues, les bus et les trains. Le témoignage personnel est un fait courant dans les écoles, les collèges et les universités.
Les gens ont désespérément besoin de plus de formation, ce qui permettrait de réduire les incendies produits par ce zèle où l’instruction fait terriblement défaut. Les structures normales des « instituts bibliques » utilisées dans le monde occidental pour former les futurs dirigeants et pasteurs ne suffisent pas à canaliser ce zèle et cette croissance. Il est urgent d’introduire d’autres modèles qui fonctionneront davantage à la manière d’une moissonneuse-batteuse dans les grandes fermes agricoles. Tous ces « problèmes » mis à part, l’Église en Afrique fait preuve d’une ferveur rafraîchissante.
3. Il y a un manque de pasteurs ayant reçu une formation biblique.
On estime que d’ici le milieu du siècle présent, le nombre de chrétiens professants en Afrique se situera entre 600 et 700 millions. Il faudra bien que tous ces chrétiens puissent intégrer des Églises, sous la direction de responsables et de pasteurs dûment formés. Si nos Églises sont vraiment tournées vers l’avenir, elles doivent se préparer à cette récolte abondante en consacrant du temps et de l’argent à la formation de ces futurs dirigeants. Ce n’est pas le moment de prétendre que nous n’avons pas d’argent. La formation pastorale n’est pas facultative. Elle est essentielle au ministère de chaque Église, car elle participe de manière responsable au Grand Mandat que Jésus a confié à l’Église.
4. En Afrique, l'Église est respectée par la communauté et l'État, car elle pourvoit souvent aux besoins fondamentaux de la société.
Dans mon pays, la Zambie, l’Église supervise 60 % des établissements de santé de toute la nation. L’Église gère également les meilleures écoles du pays, à la fois en matière de structures physiques et de développement holistique des élèves. Même en cas de catastrophe, l’Église est souvent l’organisme choisi par les donateurs pour apporter de l’aide localement. Cela a permis aux nations africaines qui frôlent l’extrême pauvreté d’apprécier l’Église et de garder espoir pour leur jeunesse. L’amour témoigné par l’Église a gagné l’écoute des dirigeants de la communauté et de l’État.
Ainsi, lorsque les dirigeants de l’Église expriment leur préoccupation sur un sujet sociétal important, les dirigeants locaux et nationaux ont tendance à les écouter. Cela signifie que l’Église peut s’exprimer sur des questions morales actuelles et s’attendre à ce que sa voix compte. C’est l’une des raisons pour lesquelles les dirigeants des nations africaines ont été en mesure de résister à la pression de l’Occident, qui cherche à redéfinir la sexualité humaine et le mariage pour qu’ils conviennent à ceux qui font la promotion de l’homosexualité (et ce malgré le fait que certains pays occidentaux conditionnent leur aide en fonction de l’acceptation de ces pratiques). Bien que certains responsables d’Église aient abusé de l’écoute attentive des dirigeants de l’État en vue de servir leurs intérêts personnels, l’État et l’Église entretiennent une bonne relation, ce qui facilite l'œuvre d’évangélisation. Ce qui valait en Occident il y a près de deux cents ans vaut encore aujourd’hui sur le continent africain.
5. La notion de chef de tribu africain a influencé la façon dont l'Église considère le leadership.
L’idée qu’un dirigeant, même s’il s’agit d’un dirigeant d’Église, ressemble à un chef tribal persiste encore dans notre inconscient. Tout d’abord, un chef n’est pas réellement choisi par le peuple. C’est une question d’hérédité. La fonction lui revient, parce que « les dieux » l’ont placé dans le bon arbre généalogique, à la bonne position dans cette famille, et au bon moment. Une fois qu’il est établi chef, c’est comme si l’esprit des dieux venait habiter en lui. Être chef, en particulier souverain, est la position la plus élevée de la tribu. Il dispose peut-être de beaucoup d’anciens et conseillers pour l’aider, mais ses décisions sont définitives. Il est le gardien absolu de la vaste contrée qui appartient à toute la tribu. Son aura remplit de crainte les gens qui se retrouvent en sa présence. Il a un siège spécial, son trône, ainsi que de nombreux assistants à son service.
À une époque révolue, même la vie des individus de sa tribu était à sa merci. S’il exigeait votre mort, vous mourriez sans pouvoir contester sa décision. C’était le genre de pouvoir absolu qu’exerçaient les chefs. Lorsque vous comprenez cette image, vous commencez à voir pourquoi les pasteurs et autres dirigeants d’Églises en Afrique ont tendance à être traités avec une dignité à faire pâlir les dirigeants politiques occidentaux. Ils finissent par n’avoir de comptes à rendre à personne et abusent facilement de l’argent, des biens et des femmes de l’Église, et s’en tirent à bon compte. Il est impératif de revenir à la Bible pour examiner ce que Dieu dit quant aux qualifications des personnes responsables de l’Église et comment mener à bien cette tâche.
6. L'Église en Afrique est communautaire et respecte l'autorité.
L’esprit communautaire et le respect de l’autorité caractérisent l’Église en Afrique. Ils découlent en grande partie de l’héritage de la culture africaine, et sont des qualités louables. Le phénomène Ubuntu, traduisant la tendance du peuple africain à valoriser les relations humaines par-dessus tout. Ce phénomène génère de la stabilité dans les relations au sein de l’Église, mais aussi du respect à l’égard des personnes âgées et de celles qui occupent des postes à responsabilités. Les pasteurs qui vivent à distance les uns des autres se réunissent lors « d’agapes » durant lesquelles ils écoutent non seulement leurs enseignements mutuels, mais partagent également leur expérience de vie en tant que pasteurs, et tâchent de répondre à leurs besoins réciproques. Les liens tissés dans ces groupes sont solides, et plusieurs dépassent les cercles confessionnels immédiats. Les impératifs bibliques de prendre soin « les uns des autres » sont déjà une pratique culturelle avant d’être parachevés par l’enseignement de la Bible. Les gens ont un plus grand sentiment d’appartenance aux Églises qu’en Occident. Le seul reproche
7. Bien que les chrétiens africains soient confrontés à des problèmes uniques, les croyances et pratiques centrales de l'Église restent les mêmes dans le monde entier.
Si je ne suis pas d’accord pour dire que le christianisme en Afrique doit être différent du christianisme en Orient ou en Occident, je reconnais volontiers la nécessité d’appliquer la vérité chrétienne à des vices singulièrement africains. À mon avis, ces deux approches diffèrent. La première tente de créer une division étrangère et même contraire à la Bible. Par exemple, cette approche veut que sciemment et délibérément, nous adorions Dieu différemment de nos frères en Occident, alors que beaucoup vivent parmi nous dans nos villes cosmopolites. Cette démarche ethnocentrée est étrangère au christianisme du Nouveau Testament, qui cherche à nous rassembler tous dans un seul corps. « Il n’y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre ; mais Christ est tout et en tous » (Col 3.11). La seconde approche, dont traite ce livre, tente d’appliquer les principes bibliques à la situation en Afrique, le but étant de conduire les personnes à la croyance et à la pratique conformes avec le dessein de Dieu pour l’Église. Je n’essaie pas de rendre la Bible plus africaine ; j’essaie de rendre l’Église en Afrique plus biblique.
8. Il existe de nombreuses questions dans le contexte africain qui doivent être éclairées par le flambeau des Écritures.
À mesure que la Parole de Dieu est enseignée et que les doctrines bibliques sont exposées, nous devons passer à la pratique. Je pense à des domaines tels que le culte des ancêtres, le tribalisme, la corruption, les rites funéraires et funèbres, les rites d’initiation, le mariage et les relations familiales, la sexualité humaine, le chef serviteur, les relations avec les réfugiés et les étrangers, la culture et les traditions, la superstition et la sorcellerie, le monde des esprits (esprits des ancêtres, Satan, les démons et les anges), les tabous, la polygamie, les sacrifices traditionnels, la dot de la mariée et les mariages, les veuves et les orphelins, le syncrétisme religieux, la maladie et la guérison, etc. Comme vous pouvez le voir, la liste est infinie. Si les chrétiens veulent grandir en maturité, ils doivent apprendre à réfléchir à ces questions du point de vue de Dieu. Ils sauront alors comment vivre en société d’une manière qui glorifie vraiment le Dieu de la Bible. Ces enseignements doivent être basés sur la Bible et découler de doctrines du christianisme tirées des Écritures.
9. L'Église doit reconnaître la forte influence du monde des esprits et de la sorcellerie sur la culture africaine et la corriger selon la Bible.
Le monde des esprits est si présent et près de l'Église africaine qu'il doit être abordé si l'on veut mettre en place une pratique chrétienne authentique.
Les séances de délivrance sont devenues un phénomène si courant dans les Églises d’Afrique. Les pasteurs d’Église sont vite devenus l’équivalent des sorciers dans l’esprit populaire africain. Même les chrétiens viennent à l’Église non pas en méditant sur le culte qu’ils devraient rendre à Dieu, leur divin Bienfaiteur, mais plutôt en pensant à ce qu’ils peuvent obtenir de la part de Dieu par l’entremise de son serviteur, et surtout de ses puissantes intercessions et interventions. Bien que cela soit devenu populaire, ce n’est pas ainsi que l’on doit se conduire dans la maison de Dieu pendant le culte. Aucun argument biblique ne soutient ce genre de conduite.
10. Le baptême et la sainte cène sont très mal compris.
Pour bien des chrétiens, le baptême et la sainte cène restent un mystère. Ils se font baptiser sans conviction, pour la simple raison que c’est un commandement biblique, mais ils manquent de connaissance quant à sa signification et à sa portée. De même, lorsqu’un pasteur ou un ancien prie à l’occasion de la sainte cène et que le pain et le jus ou vin sont distribués, de nombreux chrétiens n’ont pas idée à quel point ce repas frugal leur est bénéfique sur le plan spirituel. Ils pensent que quelque chose de mystique se produit et les affecte lorsqu’ils ingurgitent le pain et le jus ou le vin. Étant en proie à cette perception erronée, ils manipulent souvent le pain et la coupe comme s’il s’agissait d’objets magiques. Cette perception de la sainte cène est superstitieuse, voire idolâtre.
Dans l’esprit de beaucoup d’Africains, le simple fait de voir un pasteur ou un ancien prier pour la sainte cène leur rappelle le sorcier du village invoquant le monde des esprits pour prétendument briser tout ce qui cause la misère dans la vie de ceux qui sont venus le trouver pour obtenir de l’aide. Ils savent ce que cela signifie d’observer avec admiration un sorcier faire bouger un peu d’os et de plumes d’animaux morts sur le sol en chantant quelques paroles dans une transe évidente. Enfin, ils ont l’habitude de le voir préparer une concoction et la leur donner à boire dans le cadre de leur pratique de purification. Il peut aussi donner aux gens des racines qu’ils doivent mettre dans l’eau de leur prochain bain. Tandis qu’ils se baignent et mangent, en obéissant aux instructions du sorcier, quelque chose est censé se produire dans le monde des esprits. Ils seront soi-disant libérés de la malédiction et du sort mystérieux qui a été jeté sur leur vie. Est-ce vraiment ce qui se passe lorsque vous entrez dans les eaux baptismales, ou que vous mangez le pain et buvez la coupe pendant la sainte cène ? Examinons la Bible pour voir ce qu’elle enseigne au sujet de ces deux ordonnances.
L'Église africaine doit comprendre les Écritures pour connaître ce qu'elles enseignent sur ces deux ordonnances.
Saviez-vous que vous pouvez faire équipe avec Publications Chrétiennes pour équiper les pasteurs et les responsables d'Église africains en ressources centrées sur l'Évangile ? Découvrez comment vous pouvez vous impliquer.
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Cet article est adapté du livre Le dessein de Dieu pour l'Église de Conrad Mbewe.